Dans chaque courbe dessinée se trouve une histoire cachée, une poésie racontée. La calligraphie est bien plus qu’une simple forme d’écriture, c’est un témoignage vivant de l’histoire et de la culture du monde arabo-musulman. Dans cet article, découvrons ensemble les caractéristiques de cet art captivant en explorant ses origines, sa beauté et les différents styles qui le composent.
1. Origines et histoire
Etant aujourd’hui reconnue comme patrimoine immatériel de l’UNESCO, la calligraphie arabe trouve ses racines dans les premiers écrits du Coran, où chaque lettre est riche de signification et de spiritualité. Au fil des siècles, elle a évolué, passant des styles précoces tels que le Kufique, caractérisé par sa simplicité et sa rigueur, aux styles plus élaborés tels que le Thuluth, qui a émergé pour répondre aux besoins artistiques et esthétiques de l’époque. Mais cette évolution n’était pas seulement esthétique : la calligraphie jouait un rôle crucial dans la préservation et la diffusion du savoir et de la spiritualité dans le monde islamique, devenant ainsi un pilier de la culture et de l’identité arabes.
2. Beauté et esthétique
La beauté de la calligraphie arabe est juste captivante. Elle réside dans la fluidité des lignes, l’harmonie des formes, la symétrie et l’équilibre des courbes. Chaque style de calligraphie possède ses propres caractéristiques distinctives. Par exemple, le Diwani séduit par ses courbes élégantes et son aspect décoratif, tandis que le Nastaliq enchante par ses lignes ondulées. Ces caractéristiques esthétiques ne sont pas le fruit du hasard ; elles sont souvent le résultat d’une maîtrise mathématique précise, où chaque trait est calculé avec soin pour atteindre l’harmonie parfaite. Chaque ligne, courbe et point est méticuleusement conçu selon des proportions précises, héritées de siècles de traditions et d’études mathématiques. Les calligraphes arabes utilisent des concepts géométriques comme le cercle, le carré, le triangle ou encore le fameux nombre d’or, que l’on retrouve dans chaque lettre, pour créer des compositions équilibrées et harmonieuses.
La calligraphie arabe est donc étroitement liée aux sciences arabes telles que l’algèbre, la géométrie et l’astronomie. L’astronomie, en particulier, était une source d’inspiration majeure pour les calligraphes. Les motifs calligraphiques pouvaient refléter des concepts astronomiques, tels que les mouvements des astres ou les schémas célestes, en intégrant des éléments symboliques dans leurs compositions. Les astrolabes (voir photo ci-dessous) et autres instruments astronomiques étaient souvent gravés avec des inscriptions en calligraphie arabe. Ces inscriptions pouvaient inclure des informations sur l’instrument, des instructions pour son utilisation, ou des dédicaces. L’usage de la calligraphie ajoutait une dimension esthétique et culturelle à ces objets scientifiques, reflétant l’intégration de l’art et de la science.
3. Les différents styles de calligraphie
La calligraphie arabe se décline en une multitude de styles, chacun portant en lui une histoire et une esthétique uniques. De la simplicité robuste du Kufique à la sensualité ondulante du Nastaliq, chaque style offre un voyage unique à travers l’esthétique et la symbolique de cet art ancestral.
L'écriture Kufi
Elle est apparue en Irak au début de l’ère islamique et fut utilisée principalement pour les premières copies du Coran. Elle se caractérise par des formes angulaires et se décline en plusieurs variantes telles que le Kufi floral, le Kufi tressé ou encore le Kufi quadrillé. On la retrouve beaucoup dans les ornements de monuments et de mosquées.
L'écriture Thuluth (ou miraculeuse)
Apparue à Bagdad aux alentours du 11ème siècle, le style Thuluth a été perfectionné par le calligraphe Seyh Hamdullah. Elle a largement été utilisée pour l’écriture du Coran et la décoration de mosquées de par sa lisibilité et la beauté de ses courbes. Le style Thuluth est encore utilisé de nos jours pour les documents officiels ou les enseignes dans les pays du Moyen-Orient (on la retrouve notamment sur le drapeau de l’Arabie Saoudite, qui représente la shahada, l’attestation de foi musulmane).
L'écriture Naskh
Dérivée du style Thuluth, elle est apparue au 10ème siècle en ancienne Perse et s’est par la suite répandue dans le monde arabo-musulman. Comme le style Thuluth, elle a été retravaillée et perfectionnée par le calligraphe Seyh Hamdullah sous la dynastie Ottomane. En raison de son allure moderne et de ses lettres cursives très lisibles, elle reste très utilisée pour l’écriture du Coran.
L'écriture Ta'liq (ou Persanne)
Apparue au 12ème siècle en ancienne Perse, elle est un mélange entre plusieurs styles d’écriture incluant le Naskh. A l’origine, elle fut utilisée pour l’envoi de messages et la copie de poèmes persans mais à cause de sa lisibilité accrue, elle fut principalement utilisée par les poètes perses et indiens dans le but d’embellir leurs vers de poésie.
L'écriture Maghrébine
Elle est apparue au 10ème siècle dans les régions du Maghreb, de l’Andalousie et du Sahel ouest-africain. Reconnaissable par ses formes arrondies et ses courbes ouvertes, on la retrouve sur de nombreux monuments marocains et andalous sous forme de versets coraniques utilisés comme ornement sur les mosquées. Elle est encore très utilisée au Maghreb.
L'écriture Diwani (ou secrète)
Ce style d’écriture est apparu à l’époque ottomane et atteint son apogée sous le règne de Soliman au 16ème siècle. Ce style est un mélange entre les écritures Naskh et Thuluth et se caractérise par des lettres reliées entre elles, qui accentuent sa beauté mais qui la rendent difficile à déchiffrer. Elle était utilisée par les palais royaux pour échanger des messages secrets.
L'écriture Roq'a
C’est l’écriture la plus répandue dans le monde musulman. Apparue au 18ème siècle, elle est encore très utilisée de nos jours du fait de sa rapidité d’exécution et de sa lisibilité par les arabophones. Elle était utilisée comme écriture basique par les Ottomans instruits et s’est très vite répandue dans tout le califat. Aujourd’hui, elle est particulièrement utilisée par les administrations, les publicités ou pour écrire les titres de magazines.
4. Conclusion
La calligraphie arabe, avec ses lignes gracieuses et ses formes harmonieuses, représente bien plus qu’un simple mode d’écriture. Elle est le reflet d’une riche tradition culturelle et spirituelle unissant art, mathématiques et science pour créer une beauté intemporelle. Des premières écritures du Coran aux œuvres majestueuses ornant les monuments, chaque style de calligraphie raconte une histoire unique, incarnant les valeurs et les aspirations du monde arabo-musulman.
À travers les siècles, la calligraphie arabe a évolué et s’est diversifiée, donnant naissance à une multitude de styles, chacun apportant sa propre esthétique et symbolique. Que ce soit la simplicité du Kufique, la majesté du Thuluth, ou l’élégance du Diwani, chaque style offre une nouvelle perspective de cet art et transmet l’histoire de chacune des civilisations.
En étudiant et en appréciant cet art, vous ne découvrirez pas seulement une forme d’expression artistique, mais aussi un lien fort entre les cultures, un témoignage de l’ingéniosité humaine et de la quête incessante de beauté et de perfection. La calligraphie arabe continue d’inspirer et de fasciner, prouvant que même dans un monde en constante évolution, la puissance de l’art et de l’écriture reste immuable.
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